dimanche 13 octobre 2019

La Ballade de Lila K, par Blandine Le Callet.






Un livre dont les éloges ne tarissaient pas ! Ce sont ces avis positifs que je lisais un peu partout sur le net qui m'ont poussé à le propulser en tête des priorités de ma wish-list. Lors de ma commande sur momoxshop, j'ai vu qu'il était à 1€99, et sans plus de question: direction mon panier ! En plus, je suis heureux, il est en parfait état, ni corné, ni abimé, à part quelques coups que la couverture a subit, il est neuf. La reliure n'est même pas tordue.

Ce livre ne m'attirait pas plus que cela: Certes, la couverture est joli -je parle de l'édition "Livre de poche"- mais pas non plus incroyable. Le résumé me semblait peu intéressant... Je suis parti à l'aveuglette ! Je n'ai pas du tout regretter ma lecture puisque ça a été un coup de cœur !

Parlons de l'histoire. Lila est séparée de sa mère alors qu'elle n'est qu'une petite fille. Elle se retrouve au Centre, où elle refuse d'abord tout contact, toute nourriture, dormant recroquevillée sous son lit, se contentant d'appeler "Ama, ama", incapable de dire un autre mot que Ama. Elle fini par apprendre que sa mère a été déchue de ses droits parentaux pour maltraitance: la petite a été retrouvée victime de déshydratation, malnutrition, des plaies et bleus, les doigts collés... Dès lors, Lila n'a qu'une envie: la retrouver. Elle sait que sa mère ne la battait pas, qu'elle l'aimait. Elle veut savoir la vérité.

Tout au long de ce livre, au long de ces quatre cens pages, nous suivons Lila, enfant sauvage ne supportant pas qu'on la touche, puis adolescente résignée, et enfin jeune femme déterminée. Nous sommes dans sa tête, nous voyons à travers ses yeux. J'ai ressenti sa haine, son dégoût, sa tristesse. C'était vraiment poignant. En fait, j'avais vraiment l'impression que l'histoire était réelle, que Lila nous la racontait, qu'elle cherchait ses mots quand son passé devenait trop confus, ou alors les apartés qu'elle nous lance, comme "C'est là que j'ai rencontré Mr Kauffman, vous savez forcément qui c'est...", les paragraphes où elle semble partie dans ses pensées... Cependant, l'histoire se passe en 2100 et quelques, c'est une anticipation.



«On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s'interdit d'aller: derrière, il y a tous les monstres que l'on s'est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n'est pas vrai. Dès qu'on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait. Ils perdent consistance, s'évaporent peu à peu. Au point qu'on se demande, pour finir, s'ils existaient vraiment.»


Lila est un personnage extrêmement attachant. Elle fini par comprendre que, si elle veut retrouver sa mère, il faut qu'elle accepte le contact, la proximité après autrui, la foule. Mais elle se sent différente, refuse de se plier à la conformité. Vivant dans une société extrêmement protégée et surveillée dont le fond me fait penser à 1984 de George Orwell, elle ne perd pas son sang-froid et fait preuve d'une très grande détermination.

Mr Kauffman a également été un personnage que j'ai apprécié: Singulier, sûr de lui, polyglotte, il va prendre la petite Lila sous son aile, lui faisant lire des poèmes pour améliorer son expression, lui apprenant diverses langues, mortes ou non. Il va jusqu'à lui apporter des livres, quasiment disparus dans cette société car jugés "dangereux", ils sont donc remplacés par un grammabook, et les exemplaires de livres restants sont maniés avec précaution, port des gants obligatoires. Cependant, Lila ne l'entend pas comme cela: les livres, elle veut les toucher peau contre page.



«C’est cela, sans doute, faire son deuil : accepter que le monde continue, inchangé, alors même qu’un être essentiel à sa marche en a été chassé. Accepter que les lignes restent droites et les couleurs intenses. Accepter l’évidence de sa propre survie.»



J'ai vraiment énormément aimé ma lecture. Très rythmée, les pages défilent rapidement. Je l'ai lu en une petite après-midi ! Surtout à partir de la troisième partie, où Lila recherche sa mère, les révélations vont bon train. Jusqu'à arriver à un dénouement qui m'a mit les larmes aux yeux. En fin de compte, ce livre n'est ni trop heureux, ni trop mélodramatique: les aléas de la vie de Lila apporte à ce livre un grand réalisme: les instants de calme font face à des moments plus tristes.


«J'ai posé la main sur la feuille. J'ai palpé, puis j'ai gratté les lettres, légèrement, de l'index. M. Kauffman disait vrai: elles étaient comme prises dans la matière.
- Ça ne peut pas s'effacer ?
- Non, c'est inamovible. Indélébile. Là réside tout l'intérêt : avec le livre, tu possèdes le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi, sans que personne ne puisse le modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n'est pas un mince avantage, crois-moi, a-t-il ajouté à voix basse. Ex libris veritas, fillette. La vérité sort des livres. Souviens-toi de ça : Ex libris veritas»



Pour finir, un énorme coup de cœur pour ce livre. Au départ, je savais que ma lecture allait être agréable, mais le coup de cœur est venu aux derniers chapitres. L'auteur a vraiment soigné son récit et n'a rien laissé au hasard: le flou qui englobait le début du roman s'est dissipé, et tout s'emboîte, comme un puzzle qui prend place au sein de l'esprit. En revanche, ce live n'est pas le genre de livres à relire plusieurs fois. Je pense que si la personne le lisant connaît le dénouement, je doute que la lecture soit aussi immersive.




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