dimanche 8 décembre 2019

Kasane La Voleuse de Visage (Tome 1), par Daruma Matsuura.





J'avoue que je ne connaissais absolument pas cette saga? Je l'avais déjà vu dans des magasins mais elle ne m'attirait pas. Seulement, j'ai pu lire les deux premiers tomes sur Internet, pour "découvrir la série", et donc me lancer dans cette histoire dont je ne connaissais strictement rien.


Résumé


La protagoniste est une petite fille du nom de Kasane. Fille d'une actrice reconnue pour son incommensurable beauté et son talent sur scène, elle est, elle, d'une laideur repoussante. Elle est maltraitée, insultée, moquée, par ses camarades de classe, dégoûtés par ce visage difforme. Malgré cela, elle va se découvrir une passion pour le théâtre. Avant de mourir, sa mère lui dit une phrase qui restera dans la mémoire de Kasane "Si un jour ta vie devient trop insupportable, maquille tes lèvres, approche l’objet de ta convoitise et embrasse-le.". 




Avis


Quelque chose d'indéniable cependant, les couvertures de cette saga sont vraiment superbes. Je les trouve magnifiques, bien que peut-être trop claires? A moins que l'idée de contradictions ne soit voulue. Ne vous laissez pas avoir, nous ne sommes pas du tout sur une histoire guillerette et innocente, et encore moins un yuri comme le laisse penser le dessin... Nous sommes sur un seinen, sombre, dérangeant, mais extrêmement intéressant.
Kasane, incarnant Cendrillon au spectacle de son école

L'histoire commence directement, par une petite fille accusant sa mère de l'avoir abandonnée, seule avec sa laideur. Orpheline, sans aucun soutien ni amical, ni familial, et encore moins à l'école. Elle se renferme sur elle-même, maudissant ce visage source de tant de problèmes, et enviant les belles frimousses de ses camarades.

J'ai énormément aimé, adoré, le personnage de Kasane. Une petite fille torturée, rejetée, portant sur ses frêles épaules le poids de son visage disgracieux. On l'accuse même de mentir quant au nom de sa mère: Comment la grande et belle Sukeyo Fuchi aurait pu mettre au monde une telle abomination? Même si tout est fait pour qu'on ressente une certaine pitié pour cette petite, j'ai directement senti une grande noirceur en elle, quelque chose de très malsain. Car Kasane est envieuse, jalouse de la beauté de ses camarades. La mangaka nous invite ici à nous interroger sur la beauté extérieure et intérieure, le harcèlement, le rejet d'une différence physique/handicap. Ces thèmes sont abordés selon moi avec une très bonne justesse, et un bon soin de la part de l'autrice.

C'est un personnage extrêmement agréable à suivre, malgré sa folie et son côté machiavélique et prête à tout pour obtenir ce que la laideur lui a ôté. Ses réflexions sont extrêmement intéressantes, la beauté oui, mais à quel prix? Pour goûter à l'effervescence de la scène, à l'admiration, d'abord enfant puis adolescente, elle doit risquer gros, et à tout instant elle peut tout perdre...





«Tu es tombée amoureuse de la beauté ! De la confiance qu'elle confère, des éloges qu'elle suscite. De toutes ces sensations que ton affreux visage t'interdit de connaître !
Tu peux me croire sur parole... Maintenant que tu y as goûté, tu n'arriveras plus à t'en passer !»






Kasane et la scène du premier baiser
Le vol de visage par le biais d'un baiser donné par des lèvres vermeilles m'a énormément plu. C'est original, et parfaitement mis en situation par le trait fin et soigné de la mangaka. L'un des plus gros points forts de ce manga est, je pense, l'ambiance donnée par les dessins. C'est sombre, torturé, angoissant, à l'image de la protagoniste. 

Justement, vu que je parle des dessins, quelque chose m'a dérangé. Les deux extrêmes de la beauté m'ont laissé une sensation de too much assez désagréable. Kasane est laide, d'accord, mais doit-elle vraiment ressembler à un mélange entre un kappa et une yurei? Sa bouche bien trop ouverte, ses lèvres tordues et son absence de nez m'ont sans cesse rappelé le bac du kappa, et les yeux trop grands, tombant et toujours dans l'ombre de grandes mèches noires, ressemblant aux fantômes ou démons japonais... Son visage n'a vraiment rien d'humain. Quant à l'autre extrême, la beauté cette fois, était je trouve toujours représentée de la même manière: de grands yeux, un petit nez... les visages "beaux" se ressemblaient tous. Dans un livre traitant de l'apparence extérieure, j'aurais peut-être aimé avoir plus de nuances, et pas ce côté tout noir tout blanc. Mais bon, c'est peut-être moi qui chipote un peu trop !

Le reste du manga est d'un très bon niveau, ce premier tome pose de solides fondations. Je suis directement rentré dans l'histoire, et la direction qu'elle prend me séduit. Le suspense est présent et donne envie de continuer la saga, ce que je vais m'empresser de faire. Evidemment, se pose la question de la mère... Sukeyo était connue pour sa grande beauté, mais son visage était-il vraiment le sien?

Au final, à part la coquille des représentations de la beauté, ce manga s'est imposé comme une bonne lecture. L'histoire est finement menée, le suspense intense faisant tourner les pages seules à une vitesse folle, une protagoniste torturée intérieurement, et des dessins soignés. J'ai vraiment aimé ma lecture, et je poursuis dès lors la lecture du second !



Un extrait du premier tome est disponible gratuitement sur le site de l'éditeur. Clique sur la couverture en bas pour y accéder !






Les graines de pensées:

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