jeudi 30 janvier 2020

Le dernier train, de Amélie Romarin.




Résumé

Après avoir perdu un poche, Lindsay est devenue le pilier de la famille, celle à qui incombe la responsabilité de rester forte, de ne surtout pas flancher pour les autres. Mais elle fini par ne plus supporter cette charge, et pour elle, une seule solution s'impose: quitter Namur, son quotidien et sa famille, pour la région flamande. Fuite ou exil, elle veut s'éloigner des autres pour se retrouver elle-même.


Avis

Merci à l'auteure pour m'avoir proposé un partenariat sur ce premier roman !

Le personnage de Lindsay m'a beaucoup plu. Il y a tellement de personnes qui, suite à un deuil, se doivent de rester fort pour les autres, comme si leurs propres sentiments n'avaient pas de raison d'être. Jusqu'au jour où la personne craque. Et tout ceci est parfaitement bien décrit dans ce livre. La souffrance et la solitude de Lindsay, qui se refuse le droit de flancher ou de se laisser aller en présence d'autrui, puis son désir de fuir. Tout plaquer pour recommencer ailleurs. Qui n'a jamais eu cette envie?

Son introspection et ses réflexions m'ont conquis, j'ai cru à son histoire. Les émotions, les réactions, tout semblait parfaitement réel, comme s'il s'agissait d'un témoignage. J'ai cru à son envie de fuir, de se retrouver. J'ai été happé par la lecture, par la douleur, le deuil qui émanaient des mots. J'y ai cru, à cette jeune femme qui, assise sur son toit, regardait les étoiles en espérant y voir un signe de l'être perdu. J'y ai cru, à ces regrets qu'elle prononce, qu'on prononce souvent suite à un décès. J'aurais dû faire ci, j'aurais dû dire ça...



« J’ouvre les yeux. À ma grande surprise, je découvre que je suis dehors. Je regarde le ciel sans comprendre. Des nuages blancs recouvrent toute la surface du ciel. Le bruit de la mer parvient encore à mes oreilles et je comprends que mon corps est posé sur le sable. Je tourne la tête à droite et puis à gauche. La plage. Je suis à la plage…»


En revanche, je me suis senti étranger à l'histoire d'amour. Comme si les deux personnes voulaient garder leurs pensées pour elles et elles seules. C'est dommage, nous sommes sur un point de vue à la première personne, et pourtant je me suis senti spectateur, à l'écart. La romance est quand même mainte et mainte fois évoquée, mais voilà, j'ai seulement eu cette sensation qu'elle n'était que détails. Peut-être est-ce simplement ma distance vis-à-vis de l'amour en général qui fait cela, mais je trouve que cela manquait de sentiments. Je ne sais pas s'il s'agissait vraiment d'amour ou si les deux personnages, avec leurs problèmes, avaient besoin d'affection et se sentir aimés et écoutés.

Autre moment qui m'a fait tiquer, c'est celui où l'un des personnes secondaires est ivre. A ce moment-là non plus, je n'y ai pas cru. Je ne sais pas si c'est la manière dont cette scène est racontée, ou les réactions en elles-même, mais c'était beaucoup trop exagéré, trop faux. La suite directe, au moment où quelqu'un vient au secours de l'héroïne m'a semblé disproportionné également. Je pensais avoir commencé à cerner le personnage de Lindsay, mais sa manière de réagir me semble tout bonnement impossible... Vouloir s'éloigner de tout pour se retrouver mais retomber aussitôt dans les bras de quelqu'un d'autre, j'ai un peu de mal. Peut-être est-ce moi qui pinaille ?

J'avoue qu'un autre chapitre n'aurait pas été de trop. Je suis resté sur ma faim, même si la fin est loin d'être mauvaise, mais j'aurais bien aimé retrouver les personnages quelques mois après par exemple. Voir leur évolution.

Par contre, un gros NOPE, c'est sur un mot, dans une phrase pas vraiment sérieuse. Transexuel. Pour moi, ce mot est un gros nope. La transexualité était le nom de la "maladie" qu'on soignait un peu comme dans les camps de conversion pour homosexuels. A coup d'électrodes ou d'autres moyens tout aussi horribles de "soigner" ce qui était considéré comme une déviance. On dit transidentité, et non transexualité. Pour la simple et bonne raison que le terme transexualité ou transexuel.le conserve encore les stigmates de tous ses "traitements" inhumains, et sont utilisés que dans le médical. Bref, je m'égare je m'égare, mais je ne supporte pas de voir ce terme même s'il est juste évoqué dans une phrase sur le ton de la plaisanterie.



« Un soir, alors que j'étais prête à dormir, j'ai eu une soudaine envie d'aller sur le toit pour regarder les étoiles. Je ne sais pas pour quoi je vais passer... vous allez me prendre pour une folle... mais voilà: j'ai murmuré "Si tu es là, fais-moi un signe". Et là, juste à ce moment-là, j'ai vu une étoile filante. Une vague de chaleur a immergé mon corps et les larmes me sont montées aux yeux.»



Dans l'ensemble, j'ai bien aimé le principal sujet de ce livre, à savoir la reconstruction et ce besoin de renouer avec soi-même. D'autres thèmes sont aussi très bien amenés, de manière très juste, le deuil, les difficultés à s'exprimer, à se projeter dans l'avenir ou encore celles de vivre au sein d'un foyer toxique qui rabaisse plutôt qu'aider. L'auteure choisi les bons mots et amène le tout avec douceur. Amélie écrit vraiment d'une très jolie et simple manière, et j'aimerais beaucoup la retrouver dans un autre livre.

Comme évoqués plus haut, malheureusement des passages m'ont laissé de marbres, et la romance ne m'a pas transporté plus que ça tant je l'ai trouvé lointaine et pas suffisamment creusée. Mais dans l'ensemble, j'ai passé un bon moment avec cette histoire.






Les graines de pensées:

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