mercredi 25 mars 2020

Flora Banks, de Emily Barr.





Cela faisait quand même pas mal de temps que ce livre traînait dans ma wish-list prioritaire. En fait, depuis que Rhavanielle a fait un partenariat sur ce livre, depuis quoi, deux ans, trois?. Il me tentait déjà mais sa chronique plus qu'enthousiaste l'a propulsé tout en haut de cette liste. Et à Noël, une carte cadeau Amazon, et ô miracle, Flora Banks qui se glisse tout seul dans mon panier... mystère mystère, comment a-t-il fait? Les livres ont-il une conscience propre?

Je vous préviens, ma chronique va être extrêmement décousu mais je suis tellement bouleversé et sous le choc que j'ai déjà du mal à trouver des mots suffisamment forts pour expliquer ce que je ressens.



« Je suis Flora. Avant, j'avais dix ans, mais plus maintenant. Maintenant je suis grande. Je dois me comporter comme une adulte pour que personne ne sache qu'à l'intérieur, j'ai dix ans.»




Flora Banks est une adolescente de dix-sept ans. A l'âge de dix ans, elle a eu une tumeur au cerveau, et au moment de l'opération, un bout de sa mémoire est parti. Depuis ce jour, elle est incapable de se créer de nouveaux souvenirs. Tout ce qu'elle fait, voit, dit, tout est effacé de son cerveau au bout de deux ou trois heures. Elle souffre de ce qui s'appelle l'amnésie antérograde.
Un soir, Flora embrasse Drake sur la plage. Et ce souvenir, lui, étrangement, demeure intact.
Elle s'en souvient.

Un pitch extrêmement original, vous en conviendrez. C'est si rare de voir une protagoniste amnésique, qui réapprend à chaque instant ce qu'elle a fait deux heures avant. Et quel pari risqué de la part de l'auteure d'utiliser ce point de vue, sans perdre le lecteur ! Pour ma part, elle ne m'a aucunement perdu.



« C'est toi, Flora. La personne que tu es aujourd'hui, avec toutes tes imperfections et tes problèmes, cette personne qui peut être ultra chiante, qui fait s'arracher les cheveux à ses parents, qui écrit des mails adorables et délirants, c'est toi. C'est ma sœur. Tu as une amnésie, d'accord, mais tu es vivante. Vis ta vie.»





Croisière Norvège et Spitzberg - Intermèdes Le Voyage culturel

Le rythme, malgré les répétitions logiques pour une telle lecture, est étonnamment bon. Excellent, même. C'était presque vital pour moi de tourner les pages, j'avais envie, besoin de savoir la suite. Je l'ai lu en tout juste deux soirs. Le premier, "je vais juste le commencer pour avoir un avant goût" m'a permit de goûter 130 pages. Et le second soir, "juste un chapitre ou deux avant de m'endormir" a fini par me faire tourner la dernière page. Oups.

Certaines situations m'ont bien fait rire, notamment le moment où Flora va demander à le voisine si elle a vu ses parents, et que la voisine, qui n'a plus toute sa tête, lui demande si elle aime la confiture de fraises. Flora lui répond qu'avant, elle lui apportait des pots, et la voisine, ayant fait une multitude de confitures de fraises, lui en propose un pot. C'est quelque chose qui va se répéter plusieurs fois et cette répétition m'a fait tellement rire ! Sinon, le livre a également des moments plus graves, plus posés. Je suis littéralement passé par tous les états, un tourbillon de sentiments, allant même jusqu'à parler au livre (heureusement, il ne m'a pas répondu).

Flora est un personnage au delà des mots. La dernière fois que j'ai eu ce sentiment, c'était pour le personnage d'Ellana, de la trilogie éponyme de Pierre Bottero. Ça va faire des années que je n'ai pas eu cette sensation, ce tel coup de cœur pour un personnage. Forte, atypique, attendrissante, déterminée, maladroite, elle est un camaïeu à elle toute seule, un camaïeu qu'on devrait tous connaître un jour ou l'autre. Le cheminement de ses pensées, ses interrogations, c'est tout bonnement addictif. 



« Le temps est un élément aléatoire. C'est la chose qui nous fait vieillir. Les humains s'en servent pour organiser le monde. Ils ont inventé un système pour essayer de mettre en ordre le hasard. Tous les êtres humains, tous sauf moi, vivent leur vie découpée en heures, en minutes, en jours et en secondes, mais ces choses ne sont rien. L'univers rigolerait bien de nos tentatives pour l'organiser, si seulement il daignait s'y intéresser..»



Les événements filent bon train, je n'en ai trouvé aucun de prévisible. Tout au long de ma lecture, j'ai été coupé du monde. Rien ne comptait à part les mots qui filaient et filaient, se frayant un chemin dans mon esprit. Je n'avais même pas l'impression de lire, je me laissais juste embarqué dans une aventure folle avec Flora. Sa quête d'identité, ses redécouvertes constantes, m'ont particulièrement ému. Ses maximes, ses règles de vie, m'ont vraiment fait sourire voir rire :
"Ne pas manger de baleine"
"Toujours essayer d'avoir un siège côté hublot, comme ça on peut savoir exactement où on est"
"Ne jamais boire de bière car ça fait vomir".

La détermination de Flora est une leçon de vie et met du baume au cœur. Peu importe sa maladie, elle essaie au maximum de paraître normale, d'être indépendante. Alors, certes, elle écrit partout les événements qui se sont passés précédemment (bras, cahier, post-il), mais elle ne se laisse pas abattre. Elle a un but et elle est prête à tout pour y parvenir !

Quant aux autres personnages, ils sont tous émouvants. Les parents peuvent laisser un sentiment contradictoire en bouche, mais le frère est clairement le meilleur frère du monde. Pareil, je l'ai énormément aimé tout le long. Toutes les rencontres que fait Flora apportent à l'histoire un gros plus, car je ne suis pas à un seul moment resté indifférent.



« On a besoin de se sentir comme des poussières dans la nature intacte. On a besoin du soleil de minuit. De la nuit en plein jour. Des lumières nordiques. Ca t'a attiré, Flora, et tu es venue. Tu as surmonté toutes les épreuves et tu es arrivée jusqu'ici, seule. Tu es la personne la plus forte que j'ai jamais rencontrée.»




Ce livre m'a fait voyager. Voyager dans le petit village que Flora a toujours connu jusqu'à l'île de Spitzberg. Et c'est vraiment cette impression de proximité qui m'a touché. 

Ma lecture a été tellement intense qu'à la fin, le seul mot qui m'est venu, c'était "Wow". Wow, parce que ce livre est tout simplement incroyable, et je sais que je ne l'oublierai pas. Je n'oublierai jamais cette héroïne hors des mots et qui pourtant ne se souvient pas de ce qui s'est passé le matin même.
Mais cette fin, cette fin !
Le rythme file à toute vitesse 20, 30 pages avant la fin, avant d'éclore dans un gros bouquet final. Je suis partagé entre le fait qu'il faille un deuxième tome, et par le sentiment que rien ne pourra égaler celui-là. C'est un roman qui ne laisse absolument pas indifférent, et je ne comprendrais absolument pas qu'on le lise et qu'on n'en pense qu'un "Mouais... bof". 



« J'ai envie de disparaître, de me volatiliser à travers le temps et l'espace. J'ai envie de flotter vers le ciel et d'abandonner mon corps sur la terre.
Mais c'est déjà fait. Je suis seule dans le pays froid. Ce n'est pas la réalité. Rien de tout ça n'est réel. Je peux rester là, assise dans la neige sous le ciel bleu de ce pays froid, pour toujours.»





Je pense que vous avez pu vous en douter, mais ce fut un coup de cœur. Pour la plume de l'auteure, si captivante. Pour le personnage de Flora, alternant force et fragilité, attendrissante et courageuse. Pour l'histoire en elle-même, originale.
Pour tous ces ingrédients qui ont fait de cette histoire, un livre qui restera ancré dans ma mémoire.





Les graines de pensées:

  1. Décousue, mais magnifique chronique !
    Je suis terriblement heureuse de lire à quel point cette lecture a été une réussite et un coup de coeur ! J'étais sûre que la fin allait te retourner haha ! Je m'étais prise une claque monumentale à ce moment-là ! Je ne m'y attendais absolument pas... tout comme toi !

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    Réponses
    1. Merci beaucoup ♥
      Mais oui, j'ai teeeeellement aimé ! Je te jure, quand il y a un tel livre qui traîne plus de deux mois dans ma PAL, il faut me pousser hein xDDD Et la fin, mais quelle fin !!! *0*

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